« Le slameur qui trace sa route, passant d’une scène à l’autre, applaudi toujours plus fort, n’est pas un solitaire mais un solidaire ».
Grand Corps Malade est arrivé au monde dans l’ambiance feutrée et inspirée d’une bibliothèque. Dans ces décors que sa mère bibliothécaire fréquentait.
Ne lit-on pas dans des études spécialisées que le foetus perçoit ce que la mère vit à chaque instant ? Ceci expliquant peut-être cela, lui, le champion de basket, a eu le choix des volumes pour écrire sa vie et rêver, tout en gardant les pieds sur terre.
Ne se voyait-il pas aventurier à la manière de Kessel ou poète dans un monde qui demande de l’attention et plus de romantisme à la façon de Chateaubriand ?
S’il hésite un jour, avant ses 20 ans, entre la littérature et le sport, c’est qu’il réfléchit encore au rôle qui lui correspond le mieux et qu’il souhaite tenir dans la société. « Le basket représente le collectif. Les lettres, c’est l’être, avoue-t-il, l’incarnation de soi à travers une sensibilité ».
Alors, Fabien – qui deviendra Grand Corps Malade – anime des colonies de vacances, tout en pratiquant son sport favori du haut de son 1,94 mètre.
Le destin ne prévient jamais de la suite des chapitres qui nous attendent chacun individuellement. « Rien n’est véritablement écrit, répète-t-il parfois, face au temps qui passe sans en avoir l’air tellement la course du monde tient en éveil ».
Il en fait l’expérience, dans un moment d’une grande gravité, lorsqu’il est rattrapé par ce plongeon dans une piscine qui l’entraîne au plus profond d’un coma.
La tête est touchée violemment. Trachéotomie. Corps paralysé qui ne répond plus. Puis sauvé d’un sommeil forcé par le choc. Rééducation. Volonté de fer. Mois et années de doutes. Réveil d’un autre homme qui se construit dans un autre corps. Il se lève doucement, marche sans pouvoir courir et marquer des points sur le terrain de son sport. Grand Corps Malade se redresse alors, porté par la littérature qui était en lui depuis toujours. Cette littérature qu’il va revisiter avec le slam, cet exercice – dont il est aujourd’hui l’un des maîtres et des ambassadeurs qui fait de l’art des mots parlés, sur des musiques, de nouveaux refrains pour chanter les émotions.