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Interview d’Imany

 

Mannequin à ses débuts, Imany a vécu à New York avant de retrouver la France pour devenir chanteuse, en dépit de ceux qui lui disaient que sa voix était masculine. Aujourd’hui, elle est considérée comme l’héritière de Tracy Chapman. Elle combat aussi l’endométriose à travers l’association ENDOmind.

 

 

Plus d’un million de disques vendus, 2 albums et près de 600 concerts…Complexée par sa voix lorsqu’elle était enfant, cette Française d’origine comorienne, sociétaire de la CEIDF, a cependant voulu lui laisser une chance. Femme de combat, elle s’est aussi engagée dans la lutte contre l’endométriose.

À 19 ans, vous êtes partie à New York comme mannequin. Qu’est-ce qui vous a amenée à la musique ?

 

Imany Faire carrière dans la musique relevait un peu du rêve. Personne dans mon entourage n’était artiste. Puis à New York, j’ai rencontré des musiciens de tous genres extrêmement déterminés et courageux et je me suis dit que je pouvais aussi y arriver. J’ai commencé à prendre des cours de chant puis à écrire mes premiers textes. Il y avait aussi un complexe par rapport à ma voix qui était jugée par les autres comme anormale. J’ai subi beaucoup de moqueries toute ma jeunesse. Quand on est enfant, on n’a pas envie d’être différent. Il fallait que je surmonte tous ces combats intérieurs avant de me lancer.

Quels artistes vous ont donné envie de faire de la musique ?

 

Tracy Chapman, Lauryn Hill, Whitney Houston… Et plus tard Nina Simone. Elle m’a inspirée d’une autre manière. Davantage dans l’interprétation, l’écriture, et l’authenticité qu’il faut livrer pour arriver à toucher les gens.

Que signifie Imany ?

 

J’ai pris ce pseudonyme quand j’étais mannequin. Mon prénom est Nadia et il y en avait beaucoup à l’époque dans l’agence. Je l’ai choisi par rapport au film Un prince à New York. C’est le nom de la princesse avec qui Eddie Murphy est censé se marier. J’ai toujours aimé ce prénom. Quelques années plus tard, j’ai appris qu’il voulait dire espoir en swahili.

Vous êtes née à Martigues et êtes d’origine comorienne. Que représente pour vous ce pays ?

 

Même si j’ai vécu toute mon enfance en France, les Comores ce sont mes racines. À la maison, on mangeait comorien, on parlait comorien et tous les cinq ans, on y passait nos vacances d’été. Avec sept enfants, mes parents devaient économiser pour pouvoir payer les billets d’avion. J’ai toujours assumé cette double culture, voire cette troisième culture, car mes chansons
sont en anglais.

Quelles sont les influences de votre pays d’origine sur votre musique ?

 

Ma culture comorienne se ressent dans mon approche de la musique et la manière dont j’anticipe la rythmique. Dans mon premier album, j’ai une seule chanson écrite en comorien. C’est une langue qui a la particularité d’être très ronde, facile à chanter et belle.

Imany en
5 dates

 

1979 Naissance
à Martigues
1998 Elle part pour
New York, y travaille
comme mannequin,
écrit ses premiers
textes et chansons
2011 Premier album,
« The Shape of
a Broken Heart »
2016 Deuxième
album, « The Wrong
Kind of War »
2019 Album Live
«Imany Live at the
Casino de Paris »

Vous êtes l’ambassadrice de l’association ENDOmind. Pourquoi cet ngagement pour l’endométriose ?

 

Cette maladie touche une à deux femmes sur dix, soit 2 à 4 millions de femmes en France. Elle a été déclarée en 1850 et encore aujourd’hui on n’a toujours pas de quoi soulager les symptômes, ni de quoi la soigner. On se contente de dire aux femmes qui en sont atteintes « Tu as tes règles, tu as mal, c’est normal ! ». J’avais 23 ans quand la maladie a été diagnostiquée, ce qui est relativement tôt. En moyenne, il faut neuf ans avant de dépister la maladie. Neuf longues années à se plier en quatre, en attendant que ça passe parce que c’est « normal ». L’endométriose est une véritable injustice faite aux femmes. C’est une maladie, qui peut vous empêcher d’aller au travail, d’avoir des rapports sexuels avec votre conjoint… C’est aussi l’une des premières causes d’infertilité en France.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

 

Il y a six ans lorsque je suis arrivée comme ambassadrice de cette association d’action, le gouvernement nous claquait la porte au nez. Dorénavant, le ministère de la Santé accepte de nous écouter. Le 22 novembre se tiendra la troisième édition de l’ENDOrun, une course qui se déroulait jusque-là dans le bois de Vincennes à Paris, et que nous devons réinventer cette année pour qu’elle se déroule malgré le contexte sanitaire, en rassemblant encore plus à travers toute la France. Tous les bénéfices seront consacrés à la recherche. En 2018, une grande étude épidémiologique a été menée auprès de 7 500 femmes. C’est la seule au monde à avoir été réalisée sur le sujet. Mais il faut encore se battre pour que la maladie soit davantage reconnue. En école de médecine,
ce n’est même pas une demi-page qui est consacrée à l’endométriose.

Que représente pour vous le fait d’être sociétaire d’une banque coopérative ?

 

La Caisse d’Épargne, c’est une histoire de famille. Mes parents ont toujours eu
leur compte dans cette banque. Ils alimentaient mon livret A. Probablement avec des sous pour nos vacances aux Comores. À un moment, j’en suis partie puis j’y suis revenue quelques années plus tard sur les recommandations de mon comptable.

Vous avez sorti un album live avec les deux derniers concerts parisiens au Casino de Paris de votre dernière tournée. Pourquoi cette envie d’un album live ?

 

À la fin de la tournée, j’étais épuisée et je voulais faire une pause. J’ai eu aussi la chance d’avoir un bébé. Une tournée, c’est 800 concerts dans près d’une trentaine de pays. On avait envie de garder un souvenir ! Sur la tournée du premier album, on n’avait pas réussi à faire le live parce qu’on était débordés.

Quels sont vos projets ?

 

Je suis en train de préparer mon nouveau spectacle musical qui s’appelle « Voodoo Cello ». C’est un projet de reprises de titres incontournables de l’histoire de la pop auxquels je « jette un sort » en créant des arrangements très originaux pour 8 violoncelles et ma voix. Il y aura de la mise en scène, de la chorégraphie, c’est passionnant ! Nous commencerons la tournée en France et dans le monde en janvier 2021. Il y aura notamment un soir à Paris au Théâtre du Châtelet le 12 avril 2021, en soutien à ENDOmind. J’ai hâte de retrouver le public.

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