L’émerveillement n’est-il déjà pas devenu un luxe ?
MR : Si nous voulons que perdure notre émerveillement devant la nature, il convient d’y adjoindre des notions de lucidité, d’engagement et de devoir. Si nous ne passons pas à l’action, nos activités continueront d’entraîner la sixième extinction de masse des espèces depuis l’apparition de la vie sur Terre.
Il est encore possible d’éviter ce bouleversement mais nous n’en prenons pas le chemin. D’immenses souffrances sont à prévoir. Si l’on compare l’histoire de la vie sur Terre (3,5 milliards d’années) à une période de 24 heures, l’homo sapiens n’est apparu que les 5 dernières secondes avant minuit ! 99,9 % de l’histoire de la vie sur Terre s’est déroulée sans nous et pourtant l’homme a marqué la planète par le fabuleux développement de son intelligence, de son art et ses sciences mais aussi par son rôle de super prédateur. On estime que le nombre d’homo sapiens ayant vécu sur Terre s’élève à 110 milliards soit le nombre d’animaux marins et terrestres que nous tuons tous les deux mois ! Le monde entier est désormais instrumentalisé par l’homme qui utilise la planète comme sa réserve. La moitié des forêts ont été abattues, la plus grande partie durant les cinquante dernières années.
Depuis 1950, nous sommes entrés dans l’Anthropocène, « l’ère humaine », où les activités humaines sont devenues le principal agent de transformation de la planète. Utilisons notre pouvoir pour prendre soin du monde sauvage et lui redonner sa liberté.
Quelle place peut avoir la pratique de la méditation dans ce changement de paradigme ?
MR : La pratique de la méditation offre un meilleur équilibre émotionnel qui permet de ne pas se décourager au premier obstacle venu et de cultiver la bienveillance inconditionnelle. En apprenant à ne plus s’identifier à nos émotions, nous dissolvons notre ego qui n’est qu’une construction de l’esprit et le fruit de l’éducation que nous avons reçue.
Il n’y a pas de centre de l’ego dans le cerveau ! Ainsi non centré sur notre petite personne mais plus ancré dans le présent, devenons-nous meilleurs. Et l’on ne peut contribuer à la transformation du monde qu’en se transformant soi-même !